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Aspects psycho - sociologiques de la personne handicapée

Les différents types de handicap moteurs et sensoriels

La démarche de projet du club pour l’accueil de public en situation de handicap

CONSEQUENCES MOTRICES DE L’INFIRMITE MOTRICE CEREBRALE

Les lésions médullaires traumatiques et médicales (paraplégies et tétraplégies)


LES Activités Physiques ou Sportives POUR LES DEFICIENTS VISUELS

Document établi à partir de l’article de J-C DE POTTER, dossier EPS n°55, Ed Revue EPS 2001

 

Les activités physiques ou sportives adaptées aux personnes déficientes visuelles se sont diversifiées et multipliées depuis une vingtaine d’années. Sauf contre-indication médicale, il n’y a aucune raison pour que les personnes déficientes visuelles ne pratiquent pas l’activité de leur choix. La difficulté réside donc dans l’approche pédagogique qui, bien souvent, reste à définir.

 

DEFINITION

Les personnes déficientes visuelles peuvent se répartir en trois catégories :

         Celles atteintes de cécité complète et dont les images sont uniquement basées sur les perceptions tactiles et tactilo-kinesthésiques ou sur la mémoire visuelle pour les jeunes atteints de cécité tardivement; le réglage moteur se fera lui aussi à partir de ces perceptions ou de la mémoire.

         Celles atteintes d’une déficience visuelle importante qui doivent utiliser simultanément la vue et le toucher avec échange, confrontation et correction des informations perçues par ces deux sens.

         Celles atteintes d’une déficience visuelle plus légère mais qui reste importante et qui ont un réglage unique visuel.

Ce mode d’approche de la déficience visuelle permet d’appréhender la capacité à « voir » en prenant en compte un certain nombres de facteurs tels que le type de pathologie et la partie atteinte de l’œil, l’acuité et le champ visuel, l’image efficace de la vision résiduelle (perception de la lumière ou des couleurs), l’attitude de la famille et de l’environnement, les stimulations et motivations.

 

En sport, seules, la perception de la lumière, l’acuité et le champ visuels sont pris en compte pour déterminer 3 catégories :

         Les B1 :      aveugle complet ou ayant une perception de la lumière ne permettant pas de distinguer les silhouettes.

         Les B2 :      acuité visuelle du meilleur œil corrigé inférieur à 1/30 ou/et à un champ visuel inférieur à 5°.

         Les B3 :      acuité visuelle du meilleur corrigé entre 1/30 et 1/10 ou/et à un champ visuel inférieur à 20°.

Cette classification sportive ne prend pas en compte des facteurs tels que l’âge d’apparition, la perte progressive ou brutale de la vue qui sont importants car ils déterminent la construction ou le souvenir d’images mentales ou de souvenirs.

Il est incontestable que le comportement moteur est fondamentalement différent entre un aveugle de naissance et un aveugle tardif. De même, une perception lumineuse minimale, même sans distinction des formes et des objets, donnera un avantage à l’aveugle dans son orientation spatiale.

 

LES DIFFICULTES

 

Des études ont montrées que les personnes déficientes visuelles peuvent présenter certaines lacunes de développement moteur.

La force musculaire, l’endurance et la souplesse sont souvent inférieures à la norme. Un lien entre l’importance de la déficience et les malformations morphologiques des adolescents a été mis en avant dans des études datant des années 1980. Plus la déficience est sévère et plus présentes sont les déformations (scolioses, cyphoses, lordoses).

Certaines personnes nées aveugles ont des attitudes, comportements ou mouvements générés par une absence de stimulation. Ainsi peuvent apparaître des comportements spécifiques ou asociaux tels que des balancements rythmés du corps ou des mouvements de la tête. Ces comportements se manifestent lors de situations d’inactivité et semblent être un exutoire ou un désir de mouvement sans courir aucun risque.

La personne déficiente visuelle n’est nullement atteinte dans son intégrité physique. Il est cependant indubitable que certaines peurs et inhibitions sont créées par la déficience, d’une part, et par l’attitude parfois surprotectrice de l’entourage, d’autre part. Le niveau d’autonomie dépendra donc à la fois de l’éducation et des stimulations.

 

LES BENEFICES ATTENDUS

 

Si l’on accepte le lien entre les malformations présentées par les jeunes déficients visuels et le manque de développement musculaire ou de condition physique, les activités physiques deviennent primordiales.

Les APS n’ont pas seulement un rôle d’apprentissage d’habiletés motrices mais elles doivent viser l’épanouissement de la personne et la réduction des risques d’évolution de la déficience visuelle en handicap social. Il s’en suit donc une meilleure intégration et autonomie de la personne (ex. Il a été observé que les sportifs du centre de Nancy étaient plus autonomes dans le déplacement en milieu urbain que leurs camarades non sportifs).

Les objectifs généraux, qui peuvent être poursuivis, ne sont guère différents que ceux que l’on peut poursuivre avec des valides mais l’accent doit être mis sur des habiletés motrices transférables dans la vie quotidienne.

 

LES MODALITES D’INTERVENTION

Tout enseignement repose sur les capacités et les besoins de la personne. Dans le cas d’une personne déficiente visuelle, un certain nombre d’éléments doivent être pris en compte dans l’intervention pédagogique.

         La connaissance de la pathologie. Certaines activités sont par exemple contre-indiquées dans des pathologies ciblées. Par exemple, les sports de contact ou les sports collectifs peuvent être interdits dans le cas de glaucome ou de décollement de rétine.

         L’aptitude visuelle de la personne. Selon les possibilités de percevoir la lumière, les formes, les couleurs, selon l’acuité ou l’angle de vision, selon la nature de la vision centrale, périphérique, trouble ou autre, le mode de prise d’information, le contrôle du mouvement sera variable et donc l’approche de l’activité différente.

         Les éléments psychologiques. Certains jeunes craignent le contact physique, le changement d’environnement ou de partenaires, il est donc nécessaire de prendre ces considérations en compte afin de rassurer la personne et la mettre en confiance.

         Les éléments de sécurité. Si l’un des plus grands handicaps dont souffrent les déficients visuels est la surprotection de l’entourage, certaines mesures sécuritaires restent essentielles pour permettre sans entraver la liberté d’exploration.

                     Des conseils d’orientation dans les locaux (ne jamais laisser seule
                    une personne déficiente visuelle qui n’a pas de repère pour la
                    sécuriser)

                     Une visite guidée de l’environnement avec les emplacements
                    dangereux.

                     Un rangement systématique des objets pouvant présenter un danger

                     Un temps d’adaptation aux changements de lumière

                     Une prise en compte de la capacité réelle de contrôle visuel

                     Une information auprès des valides pour éviter collision ou accident. Le handicap ne se voyant pas toujours, le valide peut penser « a priori » avoir été vu et faire confiance à tort à un DV.

         Les niveaux d’adaptations. Certaines activités peuvent être pratiquées par les déficients visuels sans adaptation ou avec des adaptations plus ou moins importantes sur le plan technologique, réglementaire et surtout pédagogique. Ces adaptations vont permettre de pratiquer l’activité mais surtout de s’intégrer dans la société. Afin de faciliter l’intégration, les adaptations à apporter aux activités en fonction de l’aptitude visuelle, du nombre de déficients dans le groupe et de l’effectif de ce dernier, vont être minimales, modérées ou importantes.

                     Adaptations minimales : elles influencent peu l’activité en soi mais utilisent des supports et repères visuels (couleurs, contrastes, cibles, dossards…), tactiles (utilisation de textures différentes et contrastées, de rampes, de reliefs pour la position des pieds, des aires de jeu…), sonores (cibles sonores, port de clochettes, tape dans les mains ou guidage à la voix…)

                     Adaptations modérées : elles peuvent modifier le rôle de l’enfant déficient dans le groupe (rôle actif spécifique au sein d’une activité, donner la priorité aux activités par deux ou en cercle, adapter le règlement pour donner deux rebonds de balle par ex)

                     Adaptations importantes : elles marginalisent le pratiquant malvoyant mais permettent une pratique physique : rôle actif dans une activité différente, rôle passif dans l’activité (arbitre par exemple)

 

Les différences, les manques, les déficiences ont longtemps été mis en évidence alors que le développement et l’épanouissement de la personne doivent prendre pour référence ses aptitudes et ses capacités.

 


LES Activités Physiques ou Sportives  POUR LES Infirme Moteur Cérébral

Document établi à partir de l’article de B ROBERT, dossier EPS n°55 (voir bibliographie)

 

DEFINITION

L’infirmité motrice cérébrale est la conséquence de lésions de l’encéphale au début de la vie. Ce n’est donc ni héréditaire ni évolutif. Ces lésions surviennent par accident avant, pendant ou juste après la naissance : anoxie, naissance prématurée, naissance après terme, incompatibilité sanguine foeto-maternelle, pathologies de la grossesse, étiologie post-natale (méningite, encéphalite, traumatisme crânien…)

C’est l’ampleur de la destruction qui détermine la lourdeur des séquelles qui, elles seules, peuvent évoluer.

L’IMC est un trouble de la commande de la motricité.

Les troubles présentés par ce public sont d’abord et surtout moteurs :

         La spasticité est un trouble de la régulation du tonus musculaire qui se caractérise par l’augmentation anormale des réflexes myotatiques et l’accroissement des résistances au mouvement. Elle affecte particulièrement les membres supérieurs (bras fixés au thorax, coudes et poignets en flexion, pouce replié sur la paume de la main) et les membres inférieurs (flexion des hanches, des genoux et pieds en équin ou appui sur la pointe des pieds).

Elle peut concerner plutôt les membres inférieurs (diplégie de Little), ou un côté du corps (hémiplégie infantile) ou les quatre membres (quadriplégie).

La spasticité est un état constant de perturbation plus ou moins importante de toute la motricité de la personne IMC.

La spasticité fluctue en fonction de l’état psychique, de la position, des stimulations cutanées, de la fatigue, du refroidissement. Elle provoque des rétractions musculaires et des fibroses qui rigidifient les articulations.

Il en résulte de graves gênes fonctionnelles : syncinésies de coordination (la mobilisation volontaire des parties saines augmente la spasticité et provoque des mouvements analogues des autres segments), spasmes troublant toute tentative d’action volontaire et déséquilibrant le sujet.

         L’athétose se caractérise par l’impossibilité d’observer une consigne de repos en toutes circonstances en dehors du sommeil. Elle se traduit par un ensemble de mouvements involontaires incessants, lents, arythmiques, irréguliers et de petite amplitude. Les muscles agonistes et antagonistes d’un segment se contractent en même temps. L’athétose prédomine aux extrémités des membres et plus particulièrement supérieurs. Les organes de la phonation peuvent aussi être atteints : grimaces, difficultés d’élocution, bavage…

         L’ataxie est une incoordination des mouvements volontaires avec conservation de la force. Les troubles peuvent être statiques : en position debout la personne est soumise à des oscillations dans tous les sens et récupère un équilibre précaire en utilisant ses bras comme balancier. Les troubles peuvent aussi être locomoteurs : la démarche est dite « ébrieuse », le sujet se déplace en zigzag, les mouvements des bras sont désordonnés. Tout ordre donné n’est réalisé qu’après un long temps de latence. Des tremblements affectent aussi la personne ataxique. Cette incoordination segmentaire ne s’extériorise que pendant l’activité volontaire, posturale ou cinétique.

         L’hypotonie généralisée peut aussi toucher la personne IMC. Dans ce cas extrême, l’enfant ne peut lever sa tête ni se tenir debout. L’hypotonie peut évoluer plus tard vers d’autres formes d’IMC, en particulier l’athétose.

Le sujet IMC présente ensuite de nombreuses complications et d’autres troubles associés qui aggravent parfois de manière considérable ses perturbations motrices :

                     Les rétractions musculaires qui s’associent à la spasticité et fixent les postures et les attitudes vicieuses.

                     Les troubles orthopédiques qui touchent une ou plusieurs articulations : le pied (valgus ou varus, creux ou plat), le genou (flexum ou récurvatum), la hanche (adduction, flexion ou rotation interne), le rachis (lordose, cyphose, scoliose)

                     Les troubles sensitifs : affectent particulièrement les membres supérieurs, ils perturbent le repérage de la position des segments de membres dans l’espace et/ou la reconnaissance des objets.

                     Les troubles sensoriels : troubles de la vision, de l’audition.

                     Les troubles intellectuels : l’intensité de ces troubles n’est pas proportionnelle à la gravité de l’atteinte motrice mais plus cette dernière est sévère, plus le niveau est difficile à évaluer. On rencontre surtout des troubles de spatialisation.

                     Les troubles du langage : ils peuvent être la conséquence de difficultés intellectuelles ou de perturbations auditives. Le plus souvent, ce sont des difficultés à coordonner les muscles de la phonation qui perturbent le langage.

                     Les troubles du comportement : la lenteur n’est pas à proprement parler un trouble du comportement mais elle est source de difficultés d’intégration scolaire et sociale.

 

DIFFICULTES

La pathologie du jeune IMC est spécifique : les différents degrés et multiples formes d’atteintes, la mauvaise commande des muscles, ont des conséquences sur la configuration des mouvements des membres et sur leurs relations (coordination inter-membres).

Les difficultés rencontrées par les enseignants vont être directement liées aux différentes formes d’atteintes et aux troubles associés (athétose, spasticité,)  mais on peut cependant noter quelques paramètres communs :

Des problèmes de coordination

Des problèmes de communication

Des troubles sensoriels

Une lenteur dans l’apprentissage des habiletés motrices

Des troubles de la compréhension

Un facteur émotivité très important pouvant déclencher des athétoses ou une spasticité accrue dans le cas de situations où le sujet ne se sent pas en confiance ou de stimulations cutanées, visuelles ou sonores importantes et/ou soudaines

 

BENEFICES ATTENDUS

Les pratiques physiques procurent aux IMC comme aux autres, une plus grande maîtrise du corps, de l’espace et du temps ; elles concourent au recul des handicaps par l’amélioration des niveaux d’autonomie (récupération fonctionnelle, utilisation et développement de toutes les possibilités restantes) et de socialisation (connaître les autres et bénéficier d’une meilleure représentation dans l’esprit des autres personnes non handicapées)

L’intervention de l’enseignant vise à faire progresser la personne dans chacune des étapes du traitement de l’information et de l’exécution motrice.

Il va donc falloir apprendre à la personne à mobiliser ses ressources puis à les exploiter de façon optimale, à réaliser et mettre en pratique des habiletés motrices et enfin à prélever et identifier les éléments essentiels de situations pour pouvoir réguler les actions pendant leur déroulement.

Plus spécifiquement on pourra rechercher au travers des APS des objectifs particuliers et ciblés sur ces pathologies :

         Mettre le sujet en action motrice dans toutes les positions et dans tous les espaces afin de solliciter toutes les parties du corps dans toutes les amplitudes articulaires et musculaires possibles.

         Favoriser le contrôle des mouvements et des actions segmentaires afin de diminuer les syncinésies.

         Favoriser le contrôle des coordinations/dissociations segmentaires et développer des enchaînements d’actions.

         Faire varier la quantité et la qualité des informations environnementales : nature des surfaces d’action, contraintes spatiales et temporelles, moment d’apparition de l’information

         Intervenir sur le degré de perception extéroceptive, kinesthésique et proprioceptive des personnes et sur les conditions psychiques de l’action (prise de risque, émotion, motivation)

Incapacités et handicaps ne sont pas seulement les résultats de la déficience : ils se doublent de la non exploitation de toutes les possibilités motrices restantes.

 

MODALITES D’INTERVENTION

C’est la confrontation de la définition des effets éducatifs de la pratique d’une activité aux besoins des sujets IMC qui permet le choix des situations motrices et de leur contenu.

Quelle que soit la forme d’IMC et le degré de gravité de chacune d’entre elles, le projet respecte en les adaptant les principes fondamentaux de l’activité.

Demander aux sujets de réaliser des actions régulières dans le temps et l’espace, diminuer les mouvements parasites des parties du corps les moins directement concernées dans l’action, augmenter l’amplitude des mouvements, maîtriser l’équilibre du tronc puis celui du corps dans le déplacement et sur les obstacles.

Cela peut se faire en jouant sur les paramètres de la tâche : distance parcourue, temps d’exécution, forme du déplacement, disposition des obstacles, sur la forme du travail.

Pour une même compétence, les visées éducatives recherchées seront différentes en fonction de la nature de l’infirmité motrice cérébrale.


LES Activités Physiques ou Sportives  POUR LES PERSONNES AYANT UNE ATTEINTE MEDULLAIRE

Document établi à partir de l’article de J-M BARBIN, dossier EPS n°55 (voir bibliographie)

 

Rares sont les sports que la personne traumatisée médullaire ne peut pratiquer. Les possibilités sportives du sujet dépendent essentiellement du siège de la lésion. Plus l’atteinte est haute (cervicales) plus la motricité volontaire diminue.

 

DEFINITION

L’atteinte médullaire se traduit par la perte définitive des fonctions motrices volontaire ou paralysie motrice. Lorsque celle-ci affecte les membres inférieurs et une partie ou la totalité du tronc, on parle de paraplégie. Lorsque la paralysie des membres supérieurs se rajoute, on parle de tétraplégie.

La paralysie motrice est accompagnée d’un ensemble de dysfonctionnements physiologiques majeurs : troubles de la sensibilité sous la lésion, déficit respiratoire (et ce d’autant plus que la lésion sera haute), trouble de la régulation thermique (idem), perte du contrôle volontaire des sphincters et troubles génito-sexuels.

La conséquence visible de cette atteinte se traduit par une perte d’autonomie dans les actes de la vie quotidienne : déambulation, soins corporels, contrôle des sphincters, activités professionnelles, de loisirs et sportives.

 

La blessure médullaire ne modifie pas uniquement les possibilités motrices du corps. Elle entraîne la personne dans une crise identitaire. Cette atteinte à l’intégrité de soi provoque chez la personne une perte des repères sociaux et modifie son rapport d’appartenance à la société. La personne devenue handicapée doit recréer l’unité corporelle et s’accepter telle qu’elle est, pour ensuite accepter les autres et vivre ainsi sa différence et sa ressemblance.

Les activités physiques et sportives peuvent et doivent tenir une large place dans cette recherche de nouvelle identité et dans le réinvestissement de la personne dans son projet de vie.

 

DIFFICULTES

Elles sont de plusieurs ordres.

Les facteurs médicaux : certains sont surtout présents dans les premiers mois après le traumatisme médullaire comme l’ostéosynthèse rachidienne (délai de consolidation osseuse des vertèbres), l’hypotension orthostatique (rencontrée lors des premières verticalisations et mises au fauteuil), les troubles du transit intestinal et les fuites urinaires (qui se régulent rapidement).

D’autres sont ponctuels et sont le résultat d’un non respect d’une hygiène de vie imposée par la blessure médullaire comme : l’escarre, l’infection urinaire, les fractures, les phlébites, les tendinites et l’hyper-réflexie autonome. Ces risques doivent amener l’enseignant à être attentif et aider la personne par une éducation à la santé.

         Les facteurs psychologiques : si la pratique physique est présente dans la vie du blessé médullaire dès la phase de rééducation, elle est alors imposée par l’autorité médicale. Le passage à une envie de pratique physique pour le plaisir peut prendre plus de temps car l’acceptation de ce nouveau corps, considéré comme altéré inerte et dévalorisé, nécessite un cheminement psychologique complexe dépendant de l’interaction réussie entre la personne handicapée et son environnement.

         Les facteurs matériels et financiers : la pratique physique pour les personnes atteintes d’une blessure médullaire est relativement « accessible ». Beaucoup d’activités sont ouvertes à ces personnes moyennant un matériel adapté à la pathologie de la personne et à ses capacités fonctionnelles. Comme pour les valides, chaque changement d’activité demande l’achat du matériel spécifique à la pratique (raquettes pour las activités duelles, vélos…) mais aussi un changement de fauteuil plus adaptée à la discipline (athlétisme, tennis, basket, parapente…). Dans la plupart des cas, ce matériel peut être prêtée ou louée (notamment pour les fauteuils utilisés dans las pratiques de pleine nature : FTT, ski, parapente…) mais devra être acheté en cas de pratique régulière. Cela demande donc à la personne d’une somme financière assez importante (car non prise en charge par la sécurité sociale). L’accès à la pratique peut donc dépendre, dans certains cas, des moyens financiers dont bénéficie la personne.

 

BENEFICES ATTENDUS

La déficience issue de la blessure médullaire réduit la liberté de mouvement qui ne peut que s’accroître par l’inactivité, source de complications, puisqu’elle détériore les fonctions restées intactes. Les effets de l’immobilisme sur le plan physique et psychologique sont bien connus : troubles trophiques, raideurs articulaires, escarre, ostéoporose d’immobilisation, troubles du transit intestinal, dépression.

Parce que la pratique sportive place la personne dans une épreuve de réalité, où l’action motrice et son résultat génèrent la comparaison entre un nouveau corps et un imaginaire corporel au potentiel physique resté valide, le travail de deuil peut alors s’ébaucher. L’investissement autonome dans des pratiques corporelles conduirait l’individu à une réintégration de l’image du corps et à une revalorisation de l’estime de soi, ces deux dimensions participant à la reconstruction identitaire. La pratique sportive permet à la personne, en explorant ses ressources fonctionnelles, de repousser les limites imposées par le déficit et de contourner les impasses gestuelles. C’est aussi une pratique sociale gratifiante car elle favorise la rencontre avec l’autre, suscite l’entraide et renforce la valorisation de soi. Expérimenter son corps par la pratique du sport, c’est en premier lieu découvrir le plaisir d’être, pour progressivement réapprendre à aimer la vie.

Le choix d’activités diverses et variées permettront à la personne d’accéder à des objectifs plus spécifiques.

         Les activités de pleine nature, que la mise en fauteuil ne permet plus d’envisager par un manque d’accessibilité, permettent d’évaluer chez la personne, l’autogestion des risques liés au contexte de la pratique, favorisent la maîtrise des réactions psychoaffectives et surtout renforcent la confiance en soi. Elles sont des activités de reconquête d’un espace brisé.

         Les activités de coopération, comme le basket ou le hockey, introduisent la notion d’appartenance au groupe de personnes handicapées. Participer à ces activités et mettre des moyens en commun pour gagner, c’est en partie se reconnaître dans l’autre pour pouvoir l’imiter et profiter de ses compétences mais c’est également accepter sa différence à travers sa déficience, ses capacités et ses incapacités.

         Les activités duelles ou de concours comme le tennis de table, le badminton, le tir à l’arc ou la sarbacane permettent de se mesurer à autrui et à soi. Dans le défi, la personne réapprend à vivre la réussite comme l’échec et construit, dans un rapport de force provoqué par le jeu, ses limites d’actions opérationnelles.

         Les activités d’effort comme la course fauteuil, le handball ou l’haltérophilie deviennent un prétexte pour s’affirmer à nouveau dans un corps qui exprime force et résistance. Symboliquement, la dynamique du corps s’est transformée. Au corps malade et fatigable, l’effort physique oppose un corps actif, sain et source de plaisir.

         Les activités sans fauteuil, comme la natation, favorisent l’émergence de sa propre réalité corporelle. Le milieu aquatique place la personne en situation d’apesanteur rétablissant ainsi la légèreté et la mobilité d’un corps considéré comme inerte. La possibilité, grâce à l’eau, de verticaliser activement son corps et de tester le mouvement des membres inférieurs, expérience particulièrement importante, à l’affût du moindre indice de récupération. La prise de conscience corporelle naît de l’authenticité de ces instants de recherche de signes absents ou présents.

Les APS doivent aider la personne handicapée à passer d’un état de dépendance à l’autonomie. Elles doivent permettre de révéler toutes les potentialités réelles et futures de la personne afin qu’elle puisse se projeter dans une trajectoire de vie qui lui convient.

 

MODALITES D’INTERVENTION

L’intervention de l’enseignant repose sur un ensemble de leviers pédagogiques.

         Une pédagogie participative et incitative : l’adhésion de la personne est nécessaire pour une implication volontaire dans une activité qui correspond à ses aspirations.

         Une pédagogie individualisée : selon le nombre de personnes, le niveau lésionnel, l’antériorité du handicap, le niveau de pratique et l’activité choisie, une prise en charge individuelle s’impose. Les progrès induits de cette prise en charge permettront plus tard l’investissement dans un travail collectif.

         Une pédagogie du sens : il paraît nécessaire d’orienter la personne vers une prise de conscience de ses progrès en l’informant sur ses potentialités virtuelles et sur les effets recherchés.

         Une pédagogie de la réussite : elle correspond à une vision positive du handicap reposant sur l’adaptation et la simplification des tâches motrices, allant du facile au difficile dans un climat valorisant la personne.

         L’émulation par les paires : la transmission de l’expérience par des personnes handicapées autonomes apparaît comme fondamental dans la reconstruction identitaire de la personne récemment handicapée. Le but visé est de renforcer la prise de conscience sur les possibilités actuelles et futures. La confrontation à des pairs plus « expérimentés » vont permettre à la personne de s’inscrire dans une dynamique du « comment faire » ou plus précisément, du « je peux à nouveau faire mais autrement »

 

Se maintenir en bonne santé, éprouver du plaisir, affirmer son identité, développer de nouveaux pouvoirs d’action, reconquérir de l’indépendance, investir des espaces sociaux, dépasser le handicap, sont autant d’enjeux pris en compte dans l’activité sportive qui peuvent se transférer dans la vie quotidienne.